C’est Marco Polo qui le premier fit découvrir en Europe le terme de CIPANGO. Dans son "Livre des Merveilles » écrit en 1298, il parle du Cipango comme étant le nom chinois du Japon, précisant qu’on trouve en cette île "une grande quantité de perles excellentes et singulières ainsi que des pierres précieuses, lesquelles avec l’abondance de l’or rendent l’île riche et opulente".
C’est pour les richesses réputées de cette île lointaine que Christophe Colomb cherche à atteindre le Cipango, lorsqu’il part de Séville en 1492 en prenant le cap vers l’ouest. Mais en raison d’une erreur de calcul commise par le cartographe florentin Paolo Toscanelli, Colomb débarquera à San Salvador puis à Cuba, au lieu du Cipango qui restera sa terre perpétuellement inaccessible.
Cinquante ans plus tard, en 1543, c’est Fernão Mendes Pinto qui sera le premier européen à gagner cette course au trésor et à accoster l’île tant convoitée.
Voltaire parle lui aussi de cette terre dorée dans son conte philosophique sur l'optimisme, édité en 1759, notamment dans un passage où Candide, après un repas chez des habitants du Cipango, aurait voulu payer son dû en pièces d’or, provoquant l’hilarité de ses hôtes tant ils étaient étonnés qu’un étranger veuille leur donner des cailloux jaunes que l’on trouvait partout dans les chemins environnants de leur île…
José de Heredia quant à lui, décrivait en 1893 dans "Les Trophées" le voyage des "conquérants" vers un archipel proche des côtes japonaises que l’on appelait Cipango et qui regorgeait d’épices rares, de perles étincelantes et de métaux précieux :
…Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;
Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles…
Christophe Colomb a peut-être inspiré ces vers, lui qui écrivait quatre siècles plus tôt dans son "Diario de a bordo del primer viaje de Cristóbal Colón" : "Les Indiens affirment qu'il y a une grande quantité d'or à Cipango, qu'ils appellent Cibao, mais qui est beaucoup plus à l’est… De là provient l’or qu’ils ont au nez. Il ne faut pas perdre de temps pour aller à Cipango".